L'alimentation limousine autrefois
(source: Mon Limousin G.M.Coissac 1913)
Avant l'introduction de la pomme de terre en France, la rave (ou rabiole) entrait pour beaucoup, avec la châtaigne, dans l'alimentation des Limousins. Avec le pain noir et les galettes de sarrazin (les tourtous), la châtaigne a continué d'être le fond principal de leur nourriture.
En 1820, d'après Barny de Romanet : "les aliments des paysans du Haut-Limousin sont grossiers et peu substanciels. Leur pain se compose de farine de sigle dont ils ôtent à peine le plus gros son. Il est ordinairement mal levé, mal pétri et encore plus mal cuit, et cependant nul peuple au monde ne mange autant de pain qu'eux. Ils font habituellement cinq repas pendnt les longs jours et quatre aux autres.
1er déjeuner: pain noir avec gousse d'ail ou oignon cru, deux heures après, écuellée de soupe. Vers deux ou trois heures de l'après-midi, le méreindet composé de galetous, crêpes qu'on mange avec pommes de terre, salade et oignons fricassés. En été, il y a, à midi, un repas, entre la soupe et le méreindet, c'est miejournat. Le soir, le souper: potage rarement viande."
En 1821, ce même auteur ajoutait:"Quoique les paysans mangent, avec un grande avidité, les châtaignes blanchies, cela ne les empêche pas de faire le deuxième déjeuner, c'est à dire de manger la soupe. cette soupe est extraordinairement composée avec de vieux oing ou du lard rance, des choux verts ou des raves. C'est ce qu'ils nomment la bréjaude. C'était leur soupe de prédilection pendant toute l'année sauf les jours maigres où ils emploient de mauvais beurre ou de l'huile de noix.. Lorsque les fruits deviennent abondants, ces paysans en usent avec excès.La gloutonnerie avec laquelle ils se gorgent de cerises et de prunes, dont ils avalaient les noyaux, les pommes et les poires, qu'ils dévorent avant leur maturité, exposent sans cesse ces maalheureux à une multitude d'accidents funestes"
Petit à petit, le mieux-être a pénétré les campagnes et le paysan d'aujourd'hui se nourrit bien, comparativement à ses ancêtres (1913), le pain cuit par la ménagère est excellent. Mais les aliments étant peu nutritifs, on multiplie le nombre de repas. La soupe est servie le plus souvent: pommes de terre, choux, carottes, poireaux cuisent ensemble dans une grande marmite avec quelques onces de beurre, une cuillérée de graisse puisée dans la vessie de porc. Avec le bouillon ainsi obtenu, on arrose les tranches fines et larges de pain de seigle dont est bourré le ventre des écuelles; par-dessus s'amoncellent les légumes du fond de la marmite. En hiver, les châtaignes remplacent la soupe du matin. Le plat vraiment régional est le plat de pommes de terre: cuites à l'eau ou en sauce. Une salade ou des laitages peuvent accompagner la soupe. Comme boisson, de l'eau, chez les paysans plus aisés, du cidre et du vin.
.Au moment des grands travaux, le paysan se soigne mieux. Le matin, au lever, café noir puis entre huit et neuf heures, soupe et verre de vin pour faire chabrol. (faire chabrol consiste à rincer son assiette à soupe avec un coup de rouge pur que l'on avale ensuite tout d'un trait, ce qui, affirme-t-on, fait gagner quarante sous sur le médecin). Entre une heure et deux heures: salé en plus des légumes, café... et le soir: soupe et un autre plat.
La viande de porc est préférée aux autres viandes parce qu'elle prend mieux le sel et offre un tas de possibilités.
Au moment des fenaisons, moissons et battages, ce sont de vraies bombances et on se livre à des dépenses extraordinaires.